Mes aspirations
Depuis 1985, date de mon installation à Oingt en Beaujolais, mon lieu de vie depuis lors, lieu protecteur où mon imaginaire et mon envie de créer ont pris leur envol, ma recherche s’est naturellement orientée vers des objets du quotidien, coupes, vases, assiettes que je décline en petits groupes, mais aussi vers des objets plus attachés à des rituels comme mes flacons, petits ou de grande dimension, enfermant des secrets, des mystères ; A ces pièces j’associe très souvent des éléments glanés au fil de mes promenades, morceaux de bois, de fer, de verre.
Je ne recouvre jamais entièrement mes pièces d’émail car j’aime l’opposition entre la partie vernissée, plus brillante ou satinée et la partie mate où se superposent des mélanges de terre et d’oxydes, ceci comme une respiration .
Vous qui connaissez déjà mon travail, savez qu’un fil conducteur s’est toujours imposé : un peu d’or (en mince filet passé au pinceau et recuit au four électrique, ou bien en petites particules de feuilles posées après cuisson).Cet attrait pour l’or vient surement de mes origines puisque mon nom est italien et signifie orfèvre ! Je n’aime pas l’or pour son coté clinquant, mais plutôt pour ce qu’il peut relier au sacré, je suis une grande admiratrice d’icônes.
La sculpture devient aujourd’hui le cœur de mon travail et de ma recherche.
Les personnages se sont peu à peu imposés depuis une quinzaine d’années prenant des allures de plus en plus réalistes. Ils sont de toutes origines et de tous temps. Je me laisse inspirée par les peuples ou les ethnies encore proches de la terre, de la nature et du sacré (Afrique, Asie, Océanie….) Ce sont ces hommes qui m’interpellent, ceux pour qui le monde sur terre et le monde du ciel ne font qu’un.
Lorsque je suis à l’atelier, et que je vais commencer un personnage, je fais le champ libre à celui ou à celle qui doit venir, je n’ai pas d’à priori si ce n’est la taille et le sexe.
Avant d’entreprendre les premières plaques de terre, le doute est toujours présent, suis-je encore capable de donner sens à ce futur possible ? Vais-je pouvoir donner visage à ce nouvel arrivant ? A ces questionnements qui ne sont que passagers, je laisse monter la confiance en ce qui voudra venir et j’essaie d’être le moins présente possible tout du moins avec mon mental, je ne veux rien d’intellectuel…seul le ressenti importe.
Le silence est mon plus sûr allié, les petits bruits de l’atelier rythment l’avancée du travail, me rappellent que je suis les deux pieds sur terre, alors que mes mains voyagent.
Je tente d’être fidèle, tout au long de la création à ce lâcher-prise qui s’installe en moi et à accepter ce qui s’impose, ce qui se présente.
J’habille mes sculptures de plaques de terre parfois étirées à l’extrême de la rupture, les craquements et les fentes apparaissent, j’aime ces cassures car c’est à travers les failles que revient le vivant.
Ce n’est que la sculpture achevée que j’imagine son origine et que je lui donne son nom.
C’est un vrai bonheur de ne plus penser et de se faire guider, les heures passent et les jours aussi sans que des pensées parasites ne viennent interrompre ce flux.
Ce qui m’importe réellement, c’est de transmettre l’équilibre, la sérénité, l’amour et la joie que je vis avec mes sculptures. Rien ne me touche plus que la rencontre avec des personnes qui tombent en arrêt devant ces personnages et qui me décrivent leur ressenti de force et d’énergie sans rien connaître de ma démarche.
Je ne voudrais pas que vous, lecteurs, croyez que je m’imagine plus importante que je ne suis… Ce travail se fait dans l’intimité de mon atelier, dans la plus grande humilité, je ne suis qu’une passeuse…. ! Et quand mes créations touchent le cœur… je touche du doigt le bonheur.